Divers écrits de Bessanais
Lisette Vacassy est originaire de l'Ariège. Comme beaucoup d'enfants de son époque, elle a dû arrêter l'école très tôt pour garder les vaches et travailler au champ. Juste le temps d'apprendre à lire et à écrire ; juste le temps d'y puiser ce qui va devenir une passion. Ses poésies, il y en a des centaines, sont écrites avant tout avec le coeur, ce qui n'empêche pas la justesse des mots. Lisez et vous serez charmés.
En hommage au vocabulaire
Comment expliquer ça, j'ai la passion des mots.
Cela vient je le crois de l'école primaire.
Quand j'en découvre un je le relis dix fois,
M'émerveillant toujours de le voir si sincère.
Il dit exactement ce que je voulais dire ;
C'est comme un second moi qui vient quand il le faut.
S'il y a un peu de moi au coeur de mes poèmes,
C'est grâce aux jolis mots et je ne l'oublie pas.
Je viens par cet écrit, en hommage sincère,
A mon vocabulaire dire : Merci cent fois !
Lisette Vacassy
Jolie, jolie pluie d'été
Il pleut sur le jardin. Des perles de cristal
Glissent au coeur des roses, sans leur faire du mal.
Des gouttes d'eau scintillent sur le vert du gazon.
Le rossignol se tait au creux des frondaisons,
Mais le soleil têtu vient percer d'un rayon
L'écharpe de nuages qui barre l'horizon.
Ils fondent et s'effilochent comme un bonbon fondant.
Le soleil, d'un seul coup, retrouve son brillant,
Et l'oiseau s'égosille en annonçant partout
Qu'il fait beau, à nouveau, et que l'été est doux.
Lisette Vacassy
Au bout de mon rêve
Sans trop savoir pourquoi, comme dans les romans
Je traîne malgré moi l'étrange anomalie
Presqu'au bout du parcours que m'a choisi la vie
D'un coeur fragile et fou, malgré le poids des ans.
Le ciel comme un miroir reflète ma pensée
Mon esprit trop songeur tente de l'obscurcir
Mais un dernier sursaut permet de l'adoucir
Quand l'idée d'un quatrain vient à la dérobée.
Je guette le murmure d'un arbre dans le vent
J'appécie la fraîcheur d'une claire fontaine
Ancrés dans la mémoire d'une enfance lointaine
Ce sont des souvenirs que j'égrène souvent.
Faire un bond dans le temps est presque exutoire
J'en viens à oublier le poids de mes soucis
Je transcris dans mes rimes un rêve imprécis
Et ce lacis diffus devient une victoire.
Lisette Vacassy
Au fil du temps
Pour vivre j'ai besoin d'avoir un idéal
Mais je ne sais comment acquérir la sagesse
Dans ce monde pervers en quête de richesse
Le simple mot « urgent » rend tout être féal.
Je recherche toujours cette force première
J'ai perdu bien trop tôt, l'appui de mes parents
Leur présence gommait les soucis en suspens
Perdant dès leur départ, mon âme d'écolière.
Comme une fleur fragile agitée dans le vent
Je suis de-ci, de-là, en emportant ma peine
Les chagrins et les joies ont formé une chaîne
Tressant un écheveau de souvenirs fervents.
Et grâce à ce passé je ne suis jamais seule
Je retrouve souvent ces instants si précieux
Au moment de flancher, j'évoque un camaïeu
Que je décris, enfants, avec mon coeur d'aïeule.
Lisette Vacassy
Carnet de bal
Carnet de bal, un florilège
D'airs entrainants, dr rythmes chauds
Qui laisse au coeur un sortilège
Pour les danseurs du bal rétro
Avec la voix ensorceleuse
De Jean-Michel, roi du micro
Et la musique enjoleuse
Qui vient sublimer le tango
C'est du bonheur pour la semaine
Lorsqu'on entend l'accordéon
Avec le synthé qui déchaine
Tous les danseurs de charleston
Il reste encore les nostalgiques
Des valses lentes et des pasos
Dans cette ambiance magique
Qu'on trouve dans nos bals rétro
Alors merci pour le bonheur
Qui mer du soleil dans nos coeurs.
Lisette Vacassy
Fleur bleue
J'ai abîmé mes mains
Dans des travaux trop durs.
J'ai déchiré mes pieds
Aux cailloux de la route.
J'ai perdu trop souvent,
Avec mes illusions,
Un morceau de mon âme
Sur le bord du chemin.
Mais j'ai toujours gardé,
Envers vents et marées,
La petite fleur bleue
Que je cache en mon coeur.
Elle est comme le ciel
Dans un matin de rêve ;
Un espoir de tendresse
Dans le vent froid d'hiver.
Elle est mon espérance
Petite fleur si belle,
Elle est mon évasion
Hors d'un monde cruel.
Lisette Vacassy
Ce cher pays où je suis née...
Par delà la montagne où scintille la neige
Le soleil resplendit, contraste saisissant
Baignant dans sa clarté mon cher pays d'Ariège
Où j'ai laissé mon coeur et mon âme d'enfant.
J'ai grandi doucement à l'ombre hospitalière
Et choisi entre tous un arbre du jardin
Petit havre de paix au bord de la rivière
Ce n'était pas, c'est sûr, un bonheur anodin.
Je me redis souvent que j'ai bien de la chance,
Je n'ai rien oublié : le foyer, les moissons,
Une famille unie et la tendre indulgence
Qui a guidé mes pas, de saison en saison.
J'ai le désir profond au seuil de la vieillesse
D'exprimer par des mots tout ce que je ressens
Et de vous expliquer le poids de la tendresse
Quand le passé émerge en un flot jaillissant.
Lisette Vacassy 1er prix Boujan-sur-Libron 2010
Chanteur de charme
Une chanson d'amour
Tout à la fin du jour
A l'heure où l'espérance
Vient déserter le coeur
Un songe, une illusion
Qui vient par effraction
Et apporte du rêve
Dans une douce trêve.
Bercés par les mots bleus
Qu'on croit écrits pour nous
C'est l'instant chaleureux
Furtif, inoubliable
Et qui rend heureux
Bercés par les mots bleus.
Pour rien, pour le plaisir
Sans penser au visage
Du chanteur nostalgique
Qui sait mettre en musique
Des sentiments très forts
Parce qu'il est amoureux
Simplement, avec des mots bleus
Il met du rêve dans nos yeux.
Lisette Vacassy
Dans l'océan du rêve
La triste pluie d'hiver s'abat sur la campagne
Je ressens malgré moi, le regret des beaux jours
Le temps insouciant des châteaux en Espagne
Des rires en cascade et des tendres amours.
Dans la douce tiédeur d'une maison trop quiète
Quand s'éternise l'heure enlaidie par l'ennui
C'est un sombre tableau qui trop souvent empiète
Sur le dernier espoir, suscité par la nuit.
Comme un petit fêtu dans l'océan du rêve
L'image du bonheur s'enroule à l'infini
Et la vague écumante amène vers la grève
Les morceaux d'un coeur fou, qui semble rajeuni.
Lisette Vacassy
En quête d'idéal
Ce n'est qu'un rêve étrange aux portes de l'errance
J'aimerais découvrir un nouvel horizon
Mon esprit exulté jusqu'à la déraison
Me souffle que là-bas se cache l'espérance.
Les fleurs de cet éden ont une autre fragance
Sous un ciel radieux se trouve ma maison
Loin du monde et du bruit, en guise d'oraison
J'inscris sur tous les murs, un seul mot ; Tolérance.
Je barre le chemin qui va vers nulle part
Pour plus de sûreté, j'installe un rempart.
Je cesse pour toujours l'inutile poursuite.
Et quand l'ombre s'étend à l'heure où meurt le soir
Un désir absolu me soutient et m'habite
Et enfin resplendit l'étoile de l'espoir.
Lisette Vacassy
La lettre
Que sais-tu de l'amour, toi qui n'as que vingt ans ?
Tu penses que la vie est pareille au roman
Quand un couple amoureux, dans un monde idyllique
Peut savourer en paix un amour romantique...
Le destin quelquefois perturbe le chemin
Où l'on marchait joyeux, sans penser à demain
Les griffures du temps quand s'enfuit la jeunesse
Egratignent le coeur qui rêvait de tendresse
Vouloir créer un couple est un besoin vital
Ecoute plus souvent ton coeur sentimental
Et si le vent mauvais parfois barre la route
Avec force et courage accepte la déroute.
Surtout ne renie rien, même si c'est l'échec
Philosophiquement, il faudra faire avec...
La vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille
On ne peut retenir un amour versatile
Alors prends les devants, prépare l'avenir
On ne te prendra pas tes plus beaux souvenirs !
Garde précieusement à la meilleure place
L'amour de tes vingt ans qui laissera sa trace.
Lisette Vacassy Hommage à René Char
La paix et non la guerre
Dans ce monde moderne où la peur et le doute
Alliés pour le mal, distillent leur venin
Difficile parfois de trouver son chemin
Au milieu des conseils que personne n'écoute.
Même la conscience est prête pour l'absoute
Lorsque les médias renseignés en sous-main
Nous disent que la guerre aide le genre humain
Soutenus par les grands, qui nous montrent la route.
Le pouvoir de juger que l'on croit détenir
Est un piège infernal où se perd l'avenir
Qui saura réagir, qui aura le courage ?
Qui comprendra le sens de ce geste aberrant ?
Il est temps, c'est certain, d'arrêter le carnage
La guerre est une horreur qui nous mène au néant !
Lisette Vacassy
L'alphabet grec
Tout semble si facile ! Au départ c'est l'Alpha
Qui débute une liste entrainant avec elle
Dans un élan joyeux une ronde éternelle
Avec d'abord les mots qui commencent par A
Voyelles et consonnes adoptent le Iota
Et inscrivent à leur tour la tendre ritournelle
Les premières notions de l'écriture belle
Pour enchainer au mieux, Epsilon ou Beta.
Depuis les temps lointains exaltant le Poète
Chaque strophe alignée, est un moment de fête
Lorsque vient l'Omega pour clôturer le ban
L'écrivain le transcrit, inspiré par la Muse
Pour un simple sonnet, aussi fier qu'Artaban
Il ressent un plaisir qui l'enchante et l'amuse.
Lisette Vacassy
Le compte est bon
Cent tunes ou cent francs
Cent euros, cent dollars
Ca commence à compter
Pour bien des pauvres gens.
Mais quand on connait l'âge
D'un vieillard centenaire
On s'aperçoit souvent
Que le manque d'argent
En l'obligeant à vivre,
De façon rationnelle,
A allongé son temps
Imparti sur la terre !
Il fait un pied-de-nez
Aux gens trop bien nourris
Qui, pourtant de son âge,
En ont perdu la vie.
La leçon de morale
De ce modeste écrit
Retenez-la, amis,
C'est que plaie d'argent
N'est pas mortelle !
Lisette Vacassy
Le fanal de l'espoir
Accroché à la nuit, c'est le bleu d'une étoile
Comme un point de repère en l'univers banal
Dans la douce clarté d'un tout petit fanal
Qui montre le chemin quand l'avenir se voile.
Quand le petit bateau tangue sur l'océan
C'est la lueur fragile au coeur de la tempête
L'écho d'un son lointain que le vent fou répète
Laissant encore l'espoir d'échapper au néant.
Il faut bien l'accepter, la vie est ainsi faite
Avec des hauts, des bas, des joies et des malheurs
C'est un cycle incessant de larmes ou de fleurs
Nous voguons sans arrêt de victoire en défaite.
L'espérance est le port où s'ancre notre esprit
Quand tout semble perdu, c'est une aube nouvelle
Tout juste au bon moment, de façon naturelle
Le fanal de l'espoir encourage et sourit.
Lisette Vacassy
Le petit bal perdu
Où sont passés nos bals musettes ?
Nos si jolies fêtes d'antan
Là où naissaient les amourettes
Sous l'oeil sévère des mamans
C'était la joie dans nos villages
Avec manèges et flonflons
On en oubliait d'être sage
Entrainés par l'accordéon.
Et l'on dansait à perdre haleine
Mêlant nos pas pendant trois nuits
Le coeur léger, l'âme sereine
Sans ressentir le moindre ennui
Où sont passés nos bals musettes ?
Nous avons perdu la gaieté
On ne sait plus faire la fête
Le bal n'est plus ce qu'il était.
Il reste bien les nostalgiques
Qui savent encore valser
Mais sur des airs plus exotiques
On peut surtout se trémousser.
Et traîne, traîne dans ma tête
La nostalgie du temps passé
Nos bals perdus et nos fêtes
Ne sont pas près d'être oubliés.
Lisette Vacassy
Le Tambourin
C'est un sport passionnant, joué dans le midi
Il faut savoir courir et montrer de l'adresse
Pour attraper au vol une balle mini
Qui déboule de loin à très grande vitesse
Cinq joueurs évoluent, armés d'un tambourin
Petit cercle de bois, tendu d'une peau brune
Qui claque dans le vent quand un joueur malin
Vient rendre coup pour coup sans la moindre rancune
Car le miracle est là, on sait se respecter
Puisque le meilleur gagne, dans le meilleur des mondes
Charlou, Laurent, les autres, sauront bien maîtriser
Et renvoyer en maître, la balle vagabonde.
Puis, tradition oblige, le pot de l'amitié !
Les vainqueurs, les vaincus, formeront cette équipe.
Qui sait bien préserver la solidarité
Pour l'honneur du village, pour que le sport existe,
Vive le Tambourin.
Lisette Vacassy Pour Mr le Président du Tambourin Florensac
L'étoile bleue
La nuit tout doucement a étendu son voile
Je marche lentement sur des chemins secrets
Et seule dans le noir, loin des yeux indiscrets
Je pars en direction d'une petite étoile.
Dans le lacis profond d'un rêve évanescent
Un morceau de mon coeur peu à peu se dévoile
Avec des souvenirs, j'aimerai sur la toile
En couleur, dessiner tout ce que je ressents.
Je comprends tout à coup le sens de ce mystère
Sur la route déserte, en remontant le temps
Ce joli florilège a un goût de printemps
Qui efface aussitôt un moment trop austère.
L'heure s'est écoulée, il est déjà minuit
Je cherche autour de moi la pureté première
De ma plus tendre enfance entourée de lumière
Et mon étoile bleue illumine la nuit...
Lisette Vacassy
Ma maison
J'ai découvert un jour une maison fermée
Aux murs d'un jaune sale, aux persiennes rouillées
Sur une terre inculte, revêche et caillouteuse
Elle était solitaire, mais me semblait heureuse
J'ai eu un coup de foudre, plutôt un coup de coeur
Pour cette maison jaune qui a fait mon bonheur.
Qui donc m'expliquera par quel secret transfuge
J'en ai fait mon pays, mon but et mon refuge
J'ai reporté ici l'amour du sol natal
Dans ce coin de colline somme toute banal.
Quand je mourrai un jour en laissant là mes prés
Ma maison et tous les arbres qu'ici j'ai plantés
Ils resteront longtemps, du moins je le suppose
Caressés par le vent, harmonie verte et rose
Témoins vivants et vrais de la tendresse innée
Qu'au fil de tant d'années, mon coeur leur a porté.
Lisette Vacassy
Médaille d'argent « Le Midi chante » Toulouse 1987
Mélancolie
Mélancolie d'automne
Tristesse déguisée
Ce sentiment confus
Que tout peut arriver
Le pire et le meilleur
Le bon et le mauvais
L'espoir, le désespoir
Ou la joie retrouvée
Sont cachés au regard
Sous un soleil voilé
Triste brume du soir
Qui peut tout effacer
Il suffirait d'un rien
Un regard, un sourire
D'un élan chaleureux
Ou d'un éclat de rire
Pour redonner l'envie
Et le bonheur de vivre
Il n'y a pas de saison
Quand le coeur est heureux
On met quand on le veut
Du soleil dans les yeux.
Lisette Vacassy
Mon chemin de vie
Bordé de souvenirs de ceux qu'on n'oublie pas
Ce chemin sinueux, dissimulé dans l'ombre
Image très présente d'une période sombre
Emaillé de chagrins et même de faux pas...
Avec des moments forts et des creux dans la vague
Tressés jour après jour au gré de mon destin
Trainant comme un boulet un moral cabotin
Je pense à mes enfants, quand mon esprit divague.
Et j'ai dû batailler en mélange subtil
Pour sortir de l'impasse avec force et courage
Serrant les dents parfois, pour maîtriser la rage
Avec en point de mire, l'espoir d'un bel Avril.
En moi j'ai retourné l'énergie nécessaire
Pour dire avec des mots tout ce que je ressens
Mon long chemin de vie, dont j'ai compris le sens
A dicté mon bilan, imagé et sincère.
Lisette Vacassy
Nostalgie
Cher vieux clocher de mon village
Délaissé depuis si longtemps
La nostalgie de ton doux paysage
M'attire à toi comme un aimant
Près de la source christalline
Où j'ai laissé mon coeur d'enfant
Dans l'ombre bleue de la glycine
J'aimerais rêver un moment
Je veux retrouver les ombrages
De ma forêt pleine d'oiseaux
Et courir dans les pâturages
Avec mon chien et mon troupeau
Je voudrais tant, dans mon lit sage
Dormir d'un sommeil confiant
Quand sera fini le voyage
Le coeur léger, l'esprit content.
Lisette Vacassy 1963 – 1er poème
Omega
Ombres du soir, fleuves d'eaux sombres
Mystère de la nuit, brumes impénétrables
Espoirs perdus avec les illusions
Grand départ sur le quai noir
Attente vaine des mots qu'on ne dit pas
Ce sera bien la fin
Quand viendra l'Omega.
Lisette Vacassy
Prenez garde, Terriens !
Nous voulons régenter ce monde merveilleux
Mais trop de liberté l'entraîne vers sa perte
C'est toujours le voisin qui est ambitieux !
Il faudrait pourtant voir le détail qui alerte
Le déset qui avance au bout de l'horizon
Le glacier qui s'effondre et l'île recouverte.
Profitant du succès jusqu'à la déraison
Un brin de fatuité contredit l'évidence
On fait n'importe quoi, certains d'avoir raison.
Notre dieu, tout là-haut et notre providence
Sauront bien provoquer le miracle attendu
Quand le malheur est là, c'est la coïncidence !
Le Terrien valeureux, serein et détendu
S'apprête à recevoir une manne éternelle
Et croque allègrement dans le fruit défendu...
Nous mettons en danger cette terre si belle
Vivant sans réfléchir dans un siècle inhumain
Laissons à nos enfants, l'espoir du lendemain
Pour qu'ils marchent en paix vers une aube nouvelle...
Lisette Vacassy
Réflexions dans la nuit
J'ai cru bon, quelquefois, en imitant l'autruche
Après un dur parcours sur un sol cahoteux
Recherchant malgré moi le côté merveilleux
D'occulter les soucis, les tracas, les embûches.
Sur une page vierge, au milieu de la nuit
Pour délivrer mon coeur, je décrirai ce rêve
Je cherche la clarté d'un phare sur la grève
Fuyant le mauvais sort qui souvent me poursuit.
Le miracle, parfois, quand survient la tristesse
Petit point scintillant, doux comme un arc-en-ciel
Grâce à des sentiments, pour moi essentiels
Me ramène à la vie avec délicatesse.
Je saurai désormais, l'esprit plus positif
Marcher sereinement et garder l'espérance
Je vais m'y consacrer avec persévérance
Avec la force vive d'un élan intuitif.
Lisette Vacassy
Soeur Emmanuelle
Pareille à Térésa, tout comme l'abbé Pierre
Pour les déshérités, elle a donné son coeur
Sans prêcher l'abstinence, elle a mis en valeur
Des sentiments précieux, par delà la frontière.
Elle a toujours gardé l'âme primesautière
Son sourire facile était plein de chaleur
Pour ces enfants perdus, elle calmait la douleur
Savait mettre partout la joie et la lumière
Sa place restera dans notre souvenir
Sans penser à demain, elle parlait d'avenir
Elle laisse l'espoir d'une vie exemplaire
En donnant le bonheur et le pain quotidien
Les enfants affamés, les chiffoniers du Caire
Repenseront souvent à leur ange gardien.
Lisette Vacassy
Songe en clair-obscur
Quand règne aux alentours l'ombre crépusculaire
Un fantôme léger embelli par le temps
S'amuse à réveiller les souvenirs d'antan
D'un monde imaginaire.
En rêvant d'un décor pour mon jardin fleuri
Je crois redécouvrir la fleur intemporelle
Dans le bougainvillier fuse la ritournelle
Du joyeux bengali.
Mêlant le faux au vrai, j'invente une aventure.
J'habite au paradis jusqu'au petit matin
Une étoile filante en robe de satin
Etend sa chevelure.
Un trait indique au loin le corail du lagon
Et là-bas, tout la-bas, la blanche caravelle
Avec sa voile au vent, vivante comme une aile
Cingle vers l'horizon.
Tel le joli vernis qui cache la fêlure
Cette image fuyante a le goût du bonheur
Mais ces moments glanés, laisseront dans mon coeur
Presque une déchirure.
Lisette Vacassy
2ème prix néo-classique, Le Mont Dore 1er prix, Boujan
Souvenirs, souvenirs
Le nom simple et joli de mon petit village
D'une encre indélébile est inscrit dans mon coeur
Et ce cher souvenir garde un goût de bonheur
C'est là que j'ai grandi, petite fille sage.
De cette âme ariégeoise il reste l'héritage
Sans pour autant dompter mon esprit bien rêveur
Contre un destin cruel qui brisait mon ardeur
J'ai dû souvent me battre avec force et courage.
Dans la peur et le froid, j'ai perdu mon chemin
Mais en gardant toujours l'espoir du lendemain
Bien vite j'ai compris les lois de l'existence.
Et grâce à ce savoir peu à peu amassé
Presqu'au temps où certains sont encore en enfance
J'ai construit mon présent en pensant au passé.
Lisette Vacassy
Voyage au bout du rêve
J'aimerai naviguer sur une mer profonde
Dans un fragile esquif
Qui glisserait tout doux, sans marquer son sillage
Vers l'horizon sans fin
J'aimerai découvrir une île solitaire
Comme un clair paradis
Cette terre lointaine, au charme sans pareil
Me fait toujours envie.
Rajeunie, les pieds nus, du soleil plein les yeux
Dans l'air frais du matin
Je marcherai longtemps en toute liberté
Jusqu'aux portes du rêve
Et je m'endormirai enroulée dans les vagues
Sur un doux sable fin
Lorsque je franchirai cette ligne invisible
Qu'on appelle la mort
Le vol d'un goéland emportera plus loin
Mon âme vagabonde
Ballottée par le vent, par-delà l'océan
Je deviendrai ... nuage ...
Lisette Vacassy
Jean Villanova était un ami, malgré notre différence d'âge. Il m'avait confié quelques une de ses poésies et accepté que je les rende publiques. Il avait hésité, craignant de décevoir ; pourtant ce fut le contraire qui arriva. Un jour, lors d'une exposition, je surpris des enseignantes qui recopiaient le poème sur l'enfance, bien décidées à l'apprendre à leurs élèves.
L'enfance
L'enfance, c'est l'horizon qui s'avance vers vous,
C'est l'arbrisseau en fleurs donnant un rendez-vous
A l'oiseau tout surpris de l'amour qu'on lui porte ;
C'est le printemps ami qui vous ouvre la porte
Pour vous faire admirer ses champs et ses prairies.
L'enfance, c'est la fraîcheur qui jamais ne varie ;
C'est la beauté du coeur, du regard pur et tendre,
Le temps privilégié où il n'y a rien à vendre ;
C'est la poésie vraie, l'argent, l'or de l'orfèvre,
Un unique joyau, porcelaine de Sèvres ;
C'est un rayon de lune dans un champ de lavande,
C'est l'écureuil coquin qui vous chipe une amande ;
C'est le sincère élan, le charme de la vie,
Un parfum doux et frais, trop tôt évanoui.
L'enfance ?
Un fin nuage rose que l'on veut retenir,
Mais dont ne reste, hélas, que le beau souvenir.
Jean Villanova
Souvenirs d'antan
A la quatrième marche,
A l'heure où s'arrêtent les voitures
Dans l'aile de la cour,
Leurs chevaux surchauffés,
Il arrive parfois, il arrive souvent
Que les arbres vieillots s'alanguissent et pleurent.
Eux qui auront vu passer,
Encore arbrisseaux, les enfants aux cerceaux,
Leurs cols marins au vent ;
Eux qui ont pu caresser
Les cheveux des jeunes filles au teint pâle,
Riant, sur l'autobus à impériale,
Ont comme un goût de regrets en leurs branches serrées.
A la quatrième marche
De l'escalier imaginaire,
Jauni dans l'album oublié,
J'ai reconnu grand-mère
-La première en partant de ma mémoire-.
Imitant les arbres de l'allée,
Sur la dernière marche
De granit et de marbre mêlés,
Ayant déchiffré le grimoire,
Je m'alanguis ... et pleure.
Jean Villanova
Dans le creux de tes mains
J'ai grandi dans le creux de tes mains,
Dans les vagues de ton coeur.
Tu dors dans le mien, grand-mère,
Comme un oiseau aux ailes brisées,
Auprès de mon fils, ton arrière petit-fils.
Un jour – bientôt – nous aurons le même écrin,
Nous atteindrons les mêmes rivages.
Nous boirons à la source des tendres souvenirs,
Celui de tes jeunes années, celui des nôtres ;
Le même jour, au même instant.
Ce ne sera pas un mirage :
Nous aurons deux mille ans.
Nous aurons le même âge.
Quarante ou soixante années ne sont
Que quarante ou soixante gouttes d'eau dans l'océan,
Seulement quelques secondes
Dans la pérennité du monde,
Dans l'Eternité du Néant.
Nous dormirons, grand-mère, dans le creux de tes mains,
Comme hier, comme aujourd'hui, comme demain.
Les vagues de ton coeur en un plus doux murmure,
Dans la sérénité d'un crépuscule chaleureux et paisible.
Jean Villanova