Bain de minuit
Bain de minuit
de Michel Sabatéry
Il y avait la plage,
Noire comme la nuit
Et froide à vous donner
Partout la chair de poule.
Il y avait la plage
Déserte à minuit.
Il y avait la mer
Qui chantait, qui chantait
Son refrain monotone
Toujours renouvelé ;
Il y avait la mer
Qui allait, qui venait.
Il y avait la mer
La mer fluorescente
Lorsque nue comme un ver
Tu plongeais dans les vagues.
Il y avait la mer
Et ses parfums d’iode.
Il y avait la lune
Là haut, comme un croissant ;
Comme une balançoire
Où se balanceraient
Pierrot et Colombine.
Il y avait la lune
Qui jouait ce soir là
Parfois à cache-cache
Derrière les nuages.
Et puis il y avait
Toi, si jeune et si gaie,
Qui riait de me voir
Craindre trois gouttes d’eau
Lorsque tu revenais
De ton bain de minuit
Le corps couvert d’écume.
Il y avait ta main
Un instant dans la mienne ;
Et puis il y avait
Ta bouche qui courait,
Qui courait sur mon corps.